J’AI CONGELÉ MES OVOCYTES EN FRANCE: TÉMOIGNAGE

Après avoir déjà congelé une première fois mes ovocytes en Espagne, j'ai du envisager une seconde ponction afin de compléter mon trop faible nombre de 6 ovocytes congelés. Pas facile de tout recommencer... Heureusement entre temps le vote de la loi bioéthique 2021 me permet maintenant de préserver ma fertilité en France sans raison médicale. Je te partage ici mon traitement, la façon dont je l'ai vécu, et quelles sont les différences avec mon expérience espagnole.

Je tiens à préciser que mon témoignage n’est qu’un partage de ce que j’ai vécu et ressenti dans mon parcours de préservation de fertilité, en aucun cas il ne faut prendre les informations et avis ci dessous au pied de la lettre. Chaque femme vit les choses différemment, que ce soit psychologiquement, vis à vis de son parcours médical ou de son traitement.

Préambule

Suite à ma première ponction à Barcelone fin Mai 2021 qui m’a permis de congeler 6 ovocytes mûrs, j’avais pris la décision d’effectuer une deuxième ponction afin de congeler un nombre d’ovocytes plus important. Le but étant de mettre toutes les chances de mon coté si j’ai besoin de les utiliser à un âge plus avancé. J’avais décidé de laisser passer l’été pour 3 raisons :

  • Espérer que la loi bioéthique qui était en discussion en France pourrait être votée et permettrait la préservation de la fertilité en France sans raison médicale pour toutes les femmes. Effectuer cette seconde ponction en France à domicile serait tellement plus facile, et très probablement remboursé par la sécurité sociale.
  • Me reposer. J’ai mis plus d’un mois à me remettre de l’anesthésie ainsi que de la première injection du vaccin Covid Pfizer que j’avais fait une dizaine de jours plus tard. Je n’ai retrouvé une énergie normale qu’au début du mois de Juillet et j’avais bien besoin de penser à autre chose et de profiter de mon été !
  • Laisser passer quelques mois pour savoir si mon cycle était régulier. En effet, le médecin espagnol m’avait expliqué qu’un levier pour éviter que mes follicules ne se développent pas tous à la même vitesse serait de prendre du Promaves pour augmenter mon taux d’estradiol 7 jours avant le début des règles. Ce qui implique d’avoir des règles régulières.

Or il se trouve que la loi bioéthique est entrée en vigueur le 4 Août 2021. J’ai donc demandé à obtenir un RDV dès que possible avec le seul hôpital faisant de la médecine de la reproduction à Lyon, l’hôpital Femme mère enfant de Bron. RDV pris pour mi-Octobre. Moi qui espérait initialement débuter ma deuxième ponction en Septembre, je trouve tous ces délais très longs. Il fallait en plus attendre le décret d’application. Paru le 29 Septembre 2021 au Journal Officiel. Ça tombe pas si mal, la voie est enfin libre et nous sommes une quinzaine de jours avant mon RDV de médecin.

RDV médicaux en amont du traitement

En amont de mon premier RDV de médecin à l’Hôpital Femme mère enfant, je compile un dossier complet sur ma première ponction en Espagne, en espérant que nous pourrons capitaliser sur cette première expérience afin d’optimiser mon second traitement. Malheureusement, le médecin le regarde à peine, préférant suivre ses propres protocoles. J’aurais aimé plus d’attention aux détails.

C’est probablement dû au fait qu’il gère plus de 1000 ponctions par an. Il me dit que beaucoup de cas qu’il voit passer dans son bureau sont durs psychologiquement (ayant perdu des enfants, avec des problèmes de fertilité, …), le mien est « facile ». Super, je fais encore partie des cas faciles ! Mais du coup j’ai l’impression qu’il applique le protocole habituel sans se poser beaucoup de questions… De toute façon je n’ai pas trop le choix que de lui faire confiance. Et il a géré tellement de ponctions qu’il doit avoir une certaine expérience. Et d’un autre coté ça rend les choses un peu plus légères aussi.

Mon premier RDV mi-octobre me permet d’enclencher la procédure de préservation de la fertilité. La procédure obligatoire comprend un RDV avec un biologiste, destiné d’après ce que je comprends à m’expliquer le process et faire le point. Dans mon cas ce RDV sera peu utile car j’ai déjà l’expérience d’une première ponction. Il faut bien en passer par là quand même. En parallèle des examens médicaux sont à réaliser (échographie et prises de sang), mais pour ma part la plupart ont déjà été faits dans l’année avant d’aller en Espagne, il ne me reste plus qu’à réaliser certaines sérologies pour vérifier qu’entre-temps je n’ai contracté ni le VIH, ni une hépatite, etc.

Puis je retourne ensuite revoir le médecin pour qu’il me donne enfin l’ordonnance des médicaments et que je puisse débuter le traitement au 2ème jour de mes prochaines règles. Le prochain RDV de médecin disponible une fois le RDV Biologiste et la prise de sang réalisée est le Mercredi 17 Novembre. Encore un délai supplémentaire… Mais surtout cette date est censée être le premier jour de mes règles, cela signifie que si tout se passe bien je pourrais commander les médicaments le soir même, et les avoir pour commencer le traitement le lendemain, second jour des règles. Short comme timing ! Et surtout très incertain car basé sur mon cycle… Mais je suis assez confiante, mon cycle est régulier depuis quelques mois. Et ce même si je ne prends plus la pilule depuis mon premier traitement en Espagne il y a quelques mois. C’est pas plus mal de permettre à mon corps de faire une pause après 10 ans d’hormones contraceptives.

Samedi 13/11/2021 : Début des règles

C’était sans compter que les choses ne se passent jamais comme prévu… Mes règles arrivent le Samedi 13 Novembre avec 5 jours d’avance ! Moi qui avait organisé ma vie pour réaliser ce traitement et cette ponction fin Novembre… J’avais vidé mon agenda et décalé une formation. J’ai aussi la chance d’être au chômage à développer un projet de création d’activité, donc sans contrainte salariée. Pour résumer, j’étais prête à réaliser mes injections le soir à domicile, à faire face à d’éventuelles sautes d’humeur liées aux hormones, et à me remettre d’une opération. Mon monde s’écroule quand je réalise que je vais devoir attendre au moins un mois de plus, et plus probablement deux puisque j’apprendrais plus tard que la clinique ferme deux semaines pendant la période de Noël.

Mercredi 17/11/2021 : Début du traitement

A ma grande surprise, lors de mon RDV du 17 Novembre, le médecin entend mon désespoir de décaler mon traitement et ma ponction de deux mois, et envisage une autre solution : débuter le traitement le jour même malgré ces 3 jours de retard (j’aurais dû débuter les injections le dimanche 14). Je lui partage mon envie de mettre toutes mes chances de mon côté et que je préfère ne pas débuter le traitement maintenant si ça implique que les résultats de ma ponction seront moindres à cause de ce traitement raccourci. Il m’explique que ça va dépendre de mes follicules : s’ils sont encore tous de la même taille cela n’aura pas d’impact, si l’un a déjà pris le pas sur les autres il faudra attendre un prochain cycle pour débuter le traitement.

L’échographie révèle que mes follicules sont encore tous de la même taille, je peux donc débuter le traitement tout de suite ! Le résultat de la ponction devrait être le même que si j’avais commencé le traitement comme le veut le protocole quelques jours plus tôt.

C’est une surprise pour moi, je n’avais pas envisagé ce cas de figure, je suis tellement soulagée de pouvoir le faire fin Novembre comme prévu initialement…

Pour m’éviter tout stress, le médecin me donne 2 injections de Bemfola 300 unités pour débuter le traitement (équivalent du Puregon de mon premier traitement espagnol), ainsi que 2 injections de Fyremadel 0,25g (qui sera à injecter par la suite au bout de quelques jours – équivalent de l’Orgalutran de mon premier traitement). J’ai donc le temps d’aller tranquillement à la pharmacie pour commander la suite du traitement.

J’y vais quand même le soir même pour avoir l’esprit tranquille et acheter ce qu’il me faut pour les premiers jours de traitement.

Cette fois-ci je stocke le Bemfola en dehors du frigo, il peut se conserver 3 mois à 25 degrés. En hiver c’est plus facile, mon appartement ne dépassera pas cette température de toute façon. Et je crois que j’avais fait subir trop de variations de température à son équivalent le Puregon lors de mon premier traitement. Le soir même, j’attaque les piqûres. Petit stress, mais je sens que je n’ai pas perdu la main. Après toutes les piqûres du premier traitement, j’en ai pris l’habitude et je ne m’en fait plus un monde. J’essaie quand même d’être chez moi à 21h tous les jours, c’est plus facile à faire dans son intimité. Mais j’ai quand même pendant mon traitement un spectacle de prévu (réservé avant de savoir que j’allais effectuer mon traitement à cette période), et j’effectue mes piqûres à l’entracte dans un coin déserté des gradins cachée par une personne de mon entourage. Discret et efficace.

Comparaison avec ma première ponction en Espagne

Par rapport à ma première ponction réalisée en Espagne, je n’ai plus l’impression de faire quelque chose d’illégal et de devoir me cacher. C’est bien agréable.

Par contre j’ai toujours l’impression de devoir suivre un parcours du combattant, de devoir tout vérifier, poser des questions pour être sûre de bien comprendre et de ne pas me tromper.

Quelques exemples :

  • Le médecin oublie de me donner une ordonnance pour un test PCR avant l’opération ou de me dire d’aller prendre RDV chez l’anesthésiste, heureusement sa secrétaire y pensera.
  • L’ordonnance de médicaments comportait l’ensemble des médicaments pour l’ensemble du traitement. Sauf qu’on ne sait jamais en amont combien de jours va durer le traitement puisqu’il devra s’arrêter lorsque mes follicules auront la taille adéquate. Le médecin me dit de tout acheter, alors que finalement tous les médicaments n’allaient peut être pas être utilisés. D’autant plus que les médicaments sont disponibles en pharmacie du jour au lendemain sur commande. Il est donc important d’avoir un peu d’avance sur le traitement au cas où, mais il est inutile de tout acheter en avance et de potentiellement gaspiller ces médicaments qui coûtent si chers à la sécurité sociale. Heureusement je me coordonne avec ma pharmacie et j’achète le traitement au fur et à mesure autant que possible.

Le médecin ne m’avait pas expliqué non plus que les injections de Bemfola 450 unités de l’ordonnance ne seraient utiles que si mes follicules ne répondent pas aux injections de 300 unités. Ce n’était donc pas la peine d’en acheter trop en avance. Je l’apprends par hasard en lui posant la question au premier RDV de suivi.

  • Je m’étonne qu’il ne me donne aucune indication pour réaliser les injections. Je sais de ma première ponction qu’il existe des vidéos-tutoriels sur Youtube réalisées par les cliniques espagnoles, mais comment font les femmes en France lorsque c’est leurs premières injections ? Je finis par lui poser la question et il me répond qu’il préconise de réaliser les toutes premières injections avec une infirmière qui explique à la patiente comment les réaliser elle-même par la suite si elle le souhaite. Je trouve qu’il aurait pu me poser la question de savoir si j’avais besoin d’aide pour les injections ou si je pouvais me débrouiller seule.

Quant aux RDV de suivi, ils sont beaucoup plus « light ». Échographie rapide, sans mesurer chacun de mes follicules, et pas de prise de sang pour vérifier mon taux d’estradiol comme en Espagne.

Ces remarques personnelles étant dites, j’ai senti néanmoins le médecin compétent et j’ai choisi de lui faire confiance.

Vendredi 19/11/2021 : 2ème jour du traitement (6ème jour du cycle) : 1er RDV de suivi et RDV Anesthésiste

J’ai choisi d’effectuer les RDV de suivi à l’hôpital Femme mère enfant de Bron par simplification, au moins je n’ai pas besoin de faire suivre les résultats, tout est fait sur place par le même médecin.

Le premier RDV de suivi est très rapide, après une échographie (sans mesure de mes follicules) le médecin me dit que tout se passe bien et qu’on continue comme prévu avec une injection de 300 unités tous les soirs. Je peux ajouter maintenant une injection de Fyremadel 0,25g tous les soirs à 21h au même moment que le Bemfola.

Je m’étais arrangée pour prendre RDV avec l’anesthésiste tout de suite après mon RDV de suivi. Je lui transmet toutes mes informations médicales. De son côté il m’explique toutes les méthodes disponibles d’anesthésie, et me fait choisir. J’opte pour une sédation simple avec hypnose. Il m’assure que même si je me réveille pendant l’opération, je serais comme droguée, je ne sentirais aucune douleur puisque j’aurais une anesthésie locale, et je ne me souviendrais de rien au réveil. Je suis rassurée. Je ne veux pas voir ce qu’il se passe, ne pas sentir de douleur, mais en même temps j’aimerais me remettre aussi vite que possible de mon opération (j’avais été très fatiguée après ma première ponction avec sédation profonde).

Lundi 22/11/2021 : 6ème jour du traitement (9ème jour du cycle) : 2ème RDV de suivi et choix de la date de ponction

Dès le 3ème jour du traitement (samedi 20 Novembre), je ressens déjà un gonflement du bas ventre à droite et à gauche. Je me réjouis, je me dis que le traitement doit être efficace. Par contre je me sens épuisée, sans force. Et dès que j’essaie d’avoir une vie active normale j’ai l’impression d’avoir une enclume dans la tête, je sens clairement que mon corps ne suit plus. Malheureusement ça s’accompagne aussi d’une baisse de moral… J’ai l’impression d’être comme ces femmes enceintes qui pleurent pour tout et pour rien. J’ai l’impression que ma vie est nulle, que peu de gens prennent de mes nouvelles et je me sens seule, que mon projet de création d’entreprise sur lequel je travaille ne mènera à rien. Je pense que cet état d’esprit est lié au traitement, j’espère qu’il ne va pas durer ! Et ce n’est pas le médecin ce matin qui m’a rassuré, quand je lui ai demandé si le traitement peut fatiguer il me répond que non… J’imagine qu’il n’est pas non plus sensé influencer sur le moral. Bref merci du soutien ! Heureusement j’en parle à un ami qui me rassure, qui est là pour moi et grâce à lui je me sens un peu plus légère.

Lors du 2ème RDV de suivi, le médecin regarde mes follicules, en mesure quelques-uns rapidement et… me dit que ma ponction aura lieu vendredi ! Je suis surprise que ce soit décidé si tôt, et qu’aucun autre RDV de suivi ne soit planifié 2 jours avant la ponction afin de vérifier que mes follicules sont bien prêts. Après c’est plus facile pour moi de planifier les choses aussi tôt. Et de toute façon il n’y a pas d’opération le week-end donc je n’ai pas trop le choix. Je me faisais un peu de soucis d’ailleurs, j’espérais que la présence du week-end n’avance pas ou ne retarde pas ma ponction au détriment du résultat (nombre d’ovocytes mûrs congelés). Je ne le saurais jamais…

Par contre ça tombe mal, mon frère qui devait dormir chez moi après mon opération part en week-end à la montagne ce vendredi… Il pourra venir me chercher à l’Hôpital pour me ramener chez moi mais ne pourra pas rester la nuit. J’ai un peu galéré à trouver quelqu’un de proche disponible pour passer la première nuit post-opératoire chez moi, c’est pas facile en l’absence de conjoint ! Heureusement je finis pas trouver une amie qui me rejoindra après son travail dans la soirée du vendredi. Ouf ça m’enlève un poids !

J’ai pour directive de continuer mon traitement de Bemfola et Fyremadel jusqu’au mardi soir, mon traitement aura donc duré 8 jours. Plus court que le premier car je l’ai débuté avec 3 jours de retard sur mon cycle. Il faut ensuite que je m’injecte le Décapeptyl 36h avant ma ponction, c’est-à-dire à 21h mercredi. Pas d’Ovitrelle cette fois, une piqûre de moins tant mieux. Je suis étonnée je me souvenais avoir réalisé aussi une dernière piqûre de l’équivalent du Fyremadel (que j’avais eu tant de mal à me procurer à Barcelone le dernier jour !) le même soir que l’injection du Décapeptyl, mais ici le médecin me dit de ne pas le faire… Encore une différence avec l’Espagne.

Mercredi 24/11/2021 : test PCR

Je dois aussi aller faire un test PCR avant l’opération, que je fais mercredi pour être sûre d’avoir le résultat avant l’opération.

Mercredi 24/11/2021 : Injection du Decapeptyl 36h avant la ponction (9 jours après le début du traitement, 11ème jour du cycle)

La préparation de l’injection du Decapeptyl n’est pas aussi simple que pour les autres injections. Elle nécessite d’utiliser un solvant, qu’il faut transvaser dans des flacons de poudre avec une seringue et mélanger le tout, avant de pouvoir effectuer l’injection. En Espagne, les infirmières m’avaient préparé l’injection dans la journée, je l’avais conservée au frigo et j’avais réalisé l’injection le soir même, en même temps que l’injection d’Ovitrelle. Cette fois je n’ai que le Decapeptyl à injecter, mais je ne vais pas me rendre à la clinique dans la journée. Si ça avait été le cas, le médecin m’avait proposé de me préparer l’injection, sinon il m’avait conseillé de trouver une infirmière pour le faire. Mais ça tombe très bien, j’ai invité par hasard ce soir-là une amie à diner qui est infirmière ! Elle accepte bien sûr de me la préparer. Même après coup je me dis aussi que je m’en étais fait un monde, mais qu’avec les tutoring vidéos Youtube j’aurais pu réaliser le mélanger moi-même. C’est quand même rassurant d’avoir à côté de moi une « spécialiste » !

On prépare l’injection 1h en avance pour être sûr de ne pas être prise par le temps au dernier moment, puis on met la seringue prête au frigo avant de diner (sans purger l’air). Là-dessus nous dinons, et heureusement que je m’étais mis une alarme 5 minutes avant l’injection car sinon j’aurais pu laisser passer l’heure. Je me dirige donc vers le frigo, je purge la seringue, et … je réalise l’injection, comme d’habitude. Puis je réalise ensuite que j’avais une amie infirmière avec moi, et que je ne lui ai même pas demandé de réaliser l’injection pour moi ! C’est pour dire que je me suis habituée à toutes ces auto-injections… Et dans le fond en y réfléchissant, je crois même que je préfère maintenant les réaliser moi-même pour pouvoir contrôler la manière dont je les réalise, la vitesse à laquelle je veux piquer, injecter, et retirer l’aiguille. Quel chemin parcouru depuis ma toute première injection !

Je profite d’être en présence d’une amie pour lui demander de prendre une photo au moment de mon injection de Décapeptyl

En tout cas je me couche soulagée, ça y est ma dernière injection est faite, le traitement est fini, la balle est maintenant dans le camp des médecins…

Vendredi 26/11/2021 : jour de la ponction

RDV à l’hôpital entre 6h30 et 7h… Ouh là c’est bien tôt pour moi qui ne suis pas du matin! Mais c’est pour la bonne cause, j’ai hâte que ça se termine. 2 douches à la Bétadine la veille (ça aurait pu être avec du savon aussi), cheveux compris, et 2 douches à la Bétadine le matin même, cette fois sans les cheveux. A jeun depuis au moins minuit la veille, et je peux boire quelques gorgées d’eau au réveil 2h avant. Mon réveil est planifié pour 5h20, je me réveille encore plus tôt ¾ d’heure avant ! Bien sûr impossible de me rendormir avec ce qui m’attend dans la matinée … Courte nuit.

J’arrive bien en avance dans un hôpital vide, même les infirmières ne sont pas encore arrivées. Je voulais être bien sûre d’avoir le temps de trouver une place pour garer ma voiture dans le quartier, sachant qu’il est très difficile de se garer en journée autour de l’hôpital. Mais ça c’est en journée, ce matin-là j’ai mis 2 minutes à me garer. Mais mieux vaut avoir de l’avance que du retard et du stress en plus.

Toujours est-il qu’on me fait attendre jusqu’à 7h30-8h, avant de prendre mes affaires, me fournir la tenue d’opération, puis me faire attendre dans un fauteuil confortable dans une salle. C’était bien la peine de se lever aussi tôt ! En tout cas j’ai la chance que toutes les salles soient pleines, on me met donc dans une salle seule. Avec une vue sur le parking de l’hôpital et les entrées/sorties des voitures. J’ai au moins quelque chose à regarder ! Et heureusement j’ai un bon bouquin policier avec moi qui m’aide à faire passer le temps. Et même avec un peu (ou beaucoup ?) d’imagination je suis presque comme à la maison car je porte mes pantoufles. Il m’avait été demandé de les amener en amont pour éviter d’avoir à nous fournir des pantoufles jetables qui finiront à la poubelle. De toute façon elles seront recouvertes de sur-chaussures hygiéniques au bloc opératoire.

Autour de 9h30 on vient enfin me chercher, la brancardière (même si je marche et il n’y a pas de brancard) récupère mon téléphone et mon livre pour les joindre à mes affaires, et m’emmène au bloc opératoire avec 3 autres femmes dans mon cas. Nous attendons toutes dans une salle d’attente à côté du bloc, d’où on sera appelé une par une pour notre opération. Dure attente que de voir les autres partir une par une. Heureusement à part une personne du groupe précédent, je serais la première à passer de mon groupe à moi, et je n’aurais pas trop à attendre.

Nous avons quand même le temps de discuter. Surtout que l’une de nous est assez bavarde et rentre vite en contact avec les autres. Elle nous raconte qu’elle en est à sa 3ème ponction, qu’elle a déjà accouché de 2 jumeaux après une FIV, et qu’elle souhaite avoir un 3ème enfant avec son mari. La deuxième parait plus jeune, je dirais un peu en dessous de la trentaine, et réalise un don d’ovocytes pour qu’une de ses amies puisse gagner quelques places sur liste d’attente afin de recevoir un don d’ovocytes plus rapidement (les dons sont obligatoirement anonymes et il n’est pas possible aujourd’hui de donner ses ovocytes à quelqu’un en particulier). Nous la félicitons de son courage de faire tout ça pour une amie, cette dernière a bien de la chance. Enfin, la troisième ne communique pas beaucoup et je ne connaitrais pas la raison de sa présence. En tout cas je réalise que je suis la seule à avoir réalisé une ponction précédemment en Espagne.

C’est mon tour ! Je me lève, arrive au bloc, retire mes pantoufles et certains vêtements pour ne conserver que la blouse. Là je fais confirmer à l’anesthésiste que j’ai bien choisi sédation simple et hypnose comme méthode d’anesthésie. Elle me répond que ça sera comme pour toutes aujourd’hui, une anesthésie classique et que sa collègue de l’hypnose n’est pas présente cette semaine ! C’est bien la peine de m’avoir expliqué tous les moyens d’anesthésie et de m’avoir fait choisir celui qui me convenait le mieux… J’ai vraiment l’impression qu’il y a un manque de communication entre services !

Puis elle injecte le produit d’anesthésie dans la perfusion et… je perds connaissance, ça peut enfin démarrer.

Le réveil se fait plutôt dans le flou pour moi, je me souviens avoir de fortes douleurs difficilement soutenables en salle de réveil. L’infirmière me donne 2 Spasfons dans un premier temps, puis un médicament plus fort ensuite, la douleur ne diminuant pas.

Mon lit est ensuite transféré dans une autre salle à côté du bloc. Lorsqu’un deuxième lit arrive à côté de moi, je crois reconnaitre la jeune qui faisait un don d’ovocytes. Je lui demande si ça va, elle me réponds qu’elle a pas mal de douleurs. Mais dans la suite de la conversation je comprends rapidement que c’est n’est pas la personne que je crois être car elle vient de subir une IVG ! D’ailleurs on entend aussi un bébé qui crie en arrière-plan, toutes les opérations semblent se faire au même endroit : IVG, ponction d’ovocytes, césarienne, etc.

Un brancardier vient chercher mon lit pour me remonter dans une pièce où je retrouve mes affaires. L’infirmière me demande de me lever, m’habiller, pour rejoindre ensuite la salle ou mon grand fauteuil confortable du matin m’attends sagement. Heureusement qu’il peut se mettre en position allongée car je suis pliée en 2 à cause des douleurs qui ne veulent pas passer. On me parle de thé et de repas, je réponds sans être vraiment là, de toute façon dans mon état j’aurais du mal à avaler quoi que ce soit. Je suis d’ailleurs surprise car les douleurs sont bien plus importantes que lors de ma première ponction. L’infirmière me dit que parfois c’est bon signe, les résultats de la ponction seront peut être bons. Je croise les doigts.

Là commence la période de repos après opération. Heureusement au bout de peut être 1/2h les médicaments commencent enfin à faire un peu effet, et les douleurs commencent à devenir soutenables. Cela me permet de manger quelque chose (moi qui pensait que la nourriture des hôpitaux en France s’était améliorée… Je n’ai pas su reconnaitre les bouts de fromage des morceaux de pommes de terre dans ma « salade campagnarde » !), et même de dormir une heure en début d’après-midi.

Un peu avant 13h30, on me dit qu’il faut que je descende dans un autre service de l’hôpital pour voir le médecin et avoir les résultats de ma ponction. Je descends là où j’ai effectué mes échographies pendant mon traitement, mais on me renvoie encore ailleurs, je comprends que c’est finalement un biologiste qui doit me recevoir. J’avoue que je suis assez perdue entre tous ces médecins et tous ces services, je trouve que ce n’est vraiment pas fait pour faciliter la vie du patient, d’autant plus après une opération ! Je retrouve dans la salle d’attente mes compagnes d’opération rencontrées dans la salle du bloc. J’ai du retard sur le planning qu’on m’avait annoncé, mon frère qui avait gentiment prévu de venir me chercher à ma sortie de l’hôpital pour me raccompagner chez moi devra m’attendre 30 minutes de plus. Enfin, la biologiste me reçoit, et m’annonce le résultat de ma ponction : 6 ovocytes prélevés, et sur ces 6 ovocytes prélevés 6 ovocytes murs vitrifiés. Ouf, c’est au moins autant que la dernière fois, je n’ai pas fait tout ça pour rien. Dommage quand même que ça n’ait pas donné plus, j’espérais qu’avec ces douleurs le résultat serait encore meilleur.

Apparemment l’objectif noté dans mon dossier serait de 30 ovocytes (« 30 ? ça me parait vraiment beaucoup, je ne me souviens pas d’avoir discuté de ça avec la biologiste… »). En tout cas il en faudrait au moins une vingtaine pour que ma fertilité soit réellement préservée. Je suis fatiguée à l’idée d’un nouveau traitement et d’une nouvelle ponction, mais je me dis que tant qu’avoir été jusque-là autant mettre toutes les chances de mon côté. Et je peux encore me le permettre car ma vie professionnelle actuelle est entre parenthèses. Par contre j’aimerais seulement laisser passer un cycle de repos et attaquer rapidement le traitement aux règles suivantes en Janvier 2022. Je me résous donc tout de suite à l’idée d’une troisième ponction. Si j’avais su ça au départ ! Mais finalement ça n’était peut-être pas plus mal d’avoir à affronter cette idée de plusieurs ponctions au fur et à mesure. En tout cas cette fois c’est sûr ça sera la dernière.

Enfin, avant de partir je passe par le secrétariat de mon médecin pour payer les échographies et l’opération. Nous convenons aussi qu’elle parle au médecin d’une troisième ponction à effectuer en Janvier, je serais recontactée la semaine suivante.

Je retrouve mon frère, qui me ramène chez moi en conduisant ma voiture. Heureusement que l’anti-douleur a fini par faire effet pour la sortie d’hôpital et le trajet. Néanmoins avant d’aller hiberner chez moi, je passe par la pharmacie afin d’aller acheter un anti-douleur fort que je m’étais dit acheter au dernier moment que si j’en avais vraiment besoin. Mais vu ma matinée j’ai envie d’avoir quelque chose pour me soulager au cas où ! J’ai 3 ordonnances différentes pour les médicaments post-opératoires, mentionnant des médicaments différents. Je suis un peu dans le flou et je laisse le pharmacien me donner un des médicaments, le Tramadol. En ouvrant la porte de mon appartement, je suis contente que tout soit fini et de n’avoir plus qu’à me reposer. Mon frère s’assure que tout va bien, puis me laisse pour quelques heures puisqu’une amie doit venir prendre le relais dans la soirée et dormir chez moi.

Juste après son départ, les douleurs atroces de la matinée recommencent, et je m’écroule dans mon lit en me tordant en deux. Moi qui croyais avoir passé le plus dur ! Je croyais devoir attendre le soir pour prendre de nouveaux anti-douleurs… Ce n’est pas très clair dans tous mes papiers, et de toute façon je n’ai pas le choix il faut bien que je trouve quelque chose pour me soulager ! Les derniers anti-douleurs datent de plus de 4h de toute façon. Bref, je prends 2 cachets de Tramadol, qui me soulagent au bout d’un moment, ouf car je ne veux plus vivre ça !

Le reste de l’après-midi je me sens comme un peu droguée. Mais je n’ai plus de douleurs, sur le moment c’est le principal. Je passe le reste de la journée devant la TV, je mange un peu le soir, puis mon amie arrive. Je lui raconte ma journée avant de me coucher ; j’ai besoin de récupérer je suis debout depuis 4h30. Je reprends 2 cachets de Tramadol en plus du Doliprane pour être sûre de ne pas avoir de douleurs pendant la nuit.

Samedi 27/11/2021 : lendemain de la ponction, intolérance au Tramadol

La nuit passe d’une traite, je suis surprise à quel point j’ai bien dormi ! Au réveil je reprends un Tramadol (un seul cette fois, un dernier au cas où, ensuite j’essaierais de me limiter au Spasfon et Doliprane), et je reste comater un peu dans mon lit en attendant que mon amie se réveille dans la pièce à côté. Lorsque je l’entends bouger, je me lève… et là je commence à avoir sacrément mal au cœur. Mon amie rassurée que la nuit se soit bien passée doit rentrer chez elle.

A partir de là je ne savais pas encore que le plus dur restait à venir… Grosses nausées, mal au cœur (qui me rappelle le mal de mer), vomissements (moi qui ne me souvenait pas avoir vomi ces trente dernières années, ce ne fut pas une découverte très agréable), impossible pour moi d’être assise ou debout, de faire quoi que ce soit. Même la sonnerie de mon téléphone signalant l’arrivée d’un sms me donne mal au cœur. J’ai l’impression d’être droguée et sur la planète Mars ! Je comprends très vite que je ne tolère pas le Tramadol, ces effets secondaires correspondent à ceux fréquents décrits dans la notice. Il ne me reste donc plus qu’à attendre 6-7h que l’effet du médicament diminue. Je suis surprise que mon corps ne réagisse que ce matin alors que j’ai déjà pris 4 cachets la veille… Peut être le fait d’être à jeun ? Ou une réaction à retardement ? Quoi qu’il en soit heureusement que le médicament me fait aussi somnoler, je passe ma journée à dormir (de 10 minutes en 10 minutes).

Ce qui m’inquiète un peu plus ainsi que mon amie infirmière qui suit par sms mon état,  c’est que j’ai aussi des difficultés à uriner avec une diminution du volume d’urine. Or la notice mentionne que l’affection urinaire n’est qu’un effet secondaire rare (1 à 10 personnes sur 10 000). Et 7h après la prise du médicament mon état ne s’améliore toujours pas…

En fouillant dans les papiers qui m’avaient été donnés à la sortie de l’hôpital, je vois que ces symptômes demandent un avis médical. Un numéro d’urgence est mentionné, joignable du lundi au vendredi… sinon aller aux urgences. Super, quel bel exemple d’organisation de nos services publics ! De toute façon je me sens incapable d’aller aux urgences, même accompagnée de quelqu’un. Je ne peux rester qu’en position allongée. Et je risque de vomir tout le trajet. Heureusement je trouve un numéro sms d’urgence, normalement à contacter au début du traitement pour confirmer la date de première injection et les doses hebdomadaires. Mais j’espère qu’il y aura un médecin au bout qui pourra au moins me donner son avis. Ouf, quelqu’un me répond d’attendre, que ça risque de ne pas durer. Ça a au moins le mérite de me rassurer. Surtout que je vomi juste après cette discussion.

Enfin, alléluia, en fin de journée je sens que les effets secondaires s’estompent petit à petit. J’arrive à bouquiner un peu en restant allongée, le temps passe un peu plus vite. J’ai l’impression de revenir de loin, ça fait tellement plaisir de se sentir un peu mieux ! J’arrive même dans la soirée à manger un peu, prendre une petite douche et regarder la TV. Moi qui avait peur de ne pas arriver à dormir pendant la nuit après avoir somnolé toute la journée, et bien l’effet somnifère du médicament doit toujours faire effet car j’écrase toute la nuit.

Les jours suivants la ponction et mon intolérance au Tramadol

Le lendemain, je sens que mon corps fonctionne au ralenti, qu’il a pas mal accumulé de toxines. Mais je suis tellement soulagée de ne plus avoir de nausées et de ne pas avoir de douleurs avec 3g de Doliprane par jour. Je peux me reposer en regardant la TV. J’apprécie d’autant plus ces moments après cette journée en mode survie !

Petit à petit avec les jours qui passent je reprends du poil de la bête. Je continue mes 3g de Doliprane pendant encore 6 jours ; j’ai tellement plus envie d’avoir de douleurs… Je me sens fatiguée pendant encore quelques temps mais c’est normal après une anesthésie.

Mes règles clôturent réellement la fin de tout cet épisode en évacuant et nettoyant toute la zone ! J’ai l’impression qu’elles sont un peu plus fortes que d’habitude, avec des douleurs en plus. En tout cas elles arrivent 13 jours après la ponction, et avec 2 jours d’avance par rapport à un cycle officiel de 28 jours.

Conclusion

Je suis toujours heureuse quand un traitement et une ponction sont terminés, je me dis que c’est une bonne chose de faite ! Et finalement même avec 3 jours de retard sur le traitement, le résultat de cette ponction est le même qu’en Espagne.

Je crois que plus j’avance dans ce processus de préservation de ma fertilité, plus je m’habitue aux injections et aux opérations. Ça me parait plus abordable même si ça ne sera jamais une partie de plaisir !

C’est ce qui me permet aussi d’envisager une 3ème ponction en Janvier 2022. Si on m’avait dit dès que le départ que je devrais en faire 3 ! Mais c’est pour la bonne cause, et je reste positive. Je serais probablement très heureuse d’avoir fait tout ça si j’ai besoin de ces ovocytes plus tard dans ma vie.

Grâce à cette possibilité que j’ai eu de préserver ma fertilité en France, j’ai pu cette fois le faire plus sereinement qu’en Espagne, presque sans modifier mon quotidien pendant le traitement. Je n’ai pas eu à vivre quelques temps loin de mon entourage, et à revenir par train de Barcelone 2 jours seulement après mon opération. Et avantage non négligeable, le traitement et l’opération sont pris en charge par la sécurité sociale en France ! Cela m’a couté 336 € seulement (car je suis passé par des RDV privés et non publics, qui auraient demandé plus de délai je crois), contre 3 600 € déboursés en Espagne. Une sacrée économie !  J’ai par contre préféré le suivi médical de la clinique espagnol par rapport au suivi français, qui m’a paru plus fiable car avec plus d’attention aux détails. J’avais l’impression d’être entre de bonnes mains. Après il est vrai qu’ils m’ont laissé sortir seule de la clinique quelques heures seulement après l’opération pour rentrer passer la nuit seule à mon hôtel… Plutôt inconscient si on en croit les médecins français. Comme quoi chaque pays et chaque secteur privé/public a ses avantages et ses inconvénients.

Voici l’ensemble des médicaments qu’il m’a fallu pour ce traitement. Que d’injections réalisées !
Les 2 boîtes en bas à droite concernent l’injection de Décapeptyl, et les anti-douleurs en haut à droite sont utilisés pour les douleurs post-opératoires.

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