J’AI CONGELÉ MES OVOCYTES EN ESPAGNE : TÉMOIGNAGE

La pression du tic-tac de mon horloge biologique commence à se fait sentir à l'approche de mes 36 ans... Afin de mettre toutes les chances de mon côté si un jour je souhaite avoir un enfant à un âge avancé, je suis convaincue il me faut congeler mes ovocytes! Puisqu'au printemps 2020 cette préservation de la fertilité sans raison médicale n'est pas encore autorisée en France... qu'à cela ne tienne je décide de le faire à Barcelone! Suis moi que je te raconte mon expérience.

Cet article a été rédigé courant l’été 2021 après mon retour d’Espagne. J’ai dû attendre que mon blog soit enfin créé afin de pouvoir le partager avec vous. Depuis sa rédaction, j’ai effectué une 2ème ponction d’ovocytes en France fin Novembre 2021, et une troisième est prévue ce mois-ci en Janvier 2022. Chaque ponction fait l’objet d’un article différent.

Raisons de mon témoignage

A mon retour de Barcelone, j’ai réalisé que mener à bien ce projet de préservation de fertilité n’avait pas été aussi anodin que je le pensais, qu’il avait été éprouvant, semé d’embuches, et plus compliqué que prévu.

Bien sûr si c’était à refaire je le referais (d’ailleurs un second traitement et une seconde ponction m’attendent encore !) car le jeu en vaut la chandelle, et que dans le fond il m’a aussi fait grandir.

Mais j’aurais aimé trouver plus de témoignages sur internet afin de me sentir moins seule à vivre cette période, pour mieux comprendre ce que j’étais en train de traverser. Les articles que j’avais trouvé était trop superficiels et parlaient en quelques lignes d’un traitement, d’une ponction, de données statistiques, mais rarement du détail des ressentis, de la solitude, de la fatigue engendrée, des joies et des désillusions.

Notamment lorsqu’il m’a fallu envisager une seconde ponction puisque la première ne m’avait pas permis de récupérer un nombre suffisant d’ovocytes, j’aurais aimé trouver davantage de témoignages, bénéficier du retour d’expérience de celles qui étaient passées là avant moi afin de m’aider dans ma décision.

En cherchant un peu plus, j’ai trouvé le témoignage détaillée de la blogueuse Glose, qui a fait comme moi le choix d’entamer le processus de congélation de ses ovocytes en Espagne, qui ne s’est malheureusement pas passé comme prévu et ne lui a permis de ne préserver que 4 ovocytes en 2 ponctions successives, alors que la clinique lui avait dit que le traitement se passait très bien et qu’elle pouvait espérer congeler jusqu’à 20 ovocytes matures. Même si j’ai eu plus de chance en évitant ce type de désillusion, son témoignage m’a fait beaucoup de bien, je me suis retrouvée dans tellement d’étapes et de ressentis décrits… C’est tellement dommage qu’il n’existe pas plus de témoignages comme le sien !

J’avais déjà décidé à titre personnel que la congélation de mes ovocytes ne serait pas un sujet tabou et que j’en parlerais ouvertement à mon entourage ou aux personnes qui croisaient mon chemin pendant cette période-là.  Or j’ai réalisé que beaucoup ne savaient pas réellement de quoi il s’agissait.

L’idée de partager mon expérience a petit à petit cheminé dans mon esprit, et je me suis dit qu’il fallait que je le fasse, que mon témoignage pourrait aider les femmes qui voudraient suivre le même chemin.

Je tiens à préciser que mon témoignage n’est qu’un partage d’expérience, j’y explique ce que j’ai compris du processus médical de préservation de fertilité mais je peux me tromper et tout n’est pas à prendre au pied de la lettre. D’autant que chaque cas est différent, et qu’aucune femme ne répondra de la même manière aux traitements.

Réflexion en amont et choix de la clinique

L’idée est venue de ma gynéco, lorsqu’à 33 ans je suis allée faire ma visite annuelle de contrôle, elle m’a demandé si j’avais envisagé de congeler mes ovocytes. Elle m’en a expliqué brièvement l’intérêt : préserver ma fertilité. C’est-à-dire congeler mes ovocytes au plus tôt et avant que ma fertilité ne commence à décroitre, afin de pouvoir les utiliser si besoin à un âge plus avancé pour augmenter mes chances de tomber enceinte si je le souhaite. Cela ne m’empêchera pas d’essayer de mettre en route une grossesse naturellement, mais c’est une manière de mettre toutes les chances de mon côté si les choses ne se passent pas comme prévues. Je ne suis pas obligée de les utiliser, c’est juste une sorte d’assurance fertilité.

J’avoue qu’à 33 ans, je me disais qu’il était encore possible que je fasse une belle rencontre et j’espérais ne pas avoir besoin de cette potentielle « Assurance fertilité ».

L’année suivante, à 34 ans, quand ma gynécologue m’en reparle, précisant qu’il est mieux de le faire à un âge le plus jeune possible et avant la fin de mes 35 ans au plus tard, je me suis penchée sur la question un peu plus. C’est là que j’ai vu que des discussions étaient en cours en France au sujet d’une loi bioéthique, qui pourrait permettre d’autoriser la congélation des ovocytes dans le pays. Sachant que j’hésitais à me lancer à cause du fait de devoir aller à l’étranger, j’ai décidé d’attendre de savoir si cette loi allait être votée. J’ai attendu, attendu, … jusqu’à mes 35 ans, en Février 2021, où le sénat retire du projet de loi l’article concernant l’autoconservation des gamètes, ovocytes et spermatozoïdes. Déception, douche froide… J’ai 35 ans, toujours pas d’homme dans ma vie, en train d’attaquer un nouveau boulot, et on commence à reparler d’un nouveau confinement. Je suis un peu perdue sur quoi faire à ce moment-là, j’adopte la technique de l’autruche.

Il se trouve alors que mon nouveau boulot ne se passe pas aussi bien que prévu et je mets fin à ma période d’essai (le jour de l’annonce du 3ème confinement en France). Je me dis alors que c’est le moment ou jamais, qu’il faut que je prenne mon courage à deux mains et que je me lance ! Je décide d’opter pour Barcelone, accessible rapidement en TGV et donc moins cher que l’avion. En plus il y a la mer, et c’est une ville touristique agréable.

Ma gynéco m’avait parlé d’une clinique à Madrid : IVI. Je me renseigne donc sur la même clinique à Barcelone. En faisant mes recherches, le nom d’EUGIN revient fréquemment aussi. J’hésite donc entre les 2.

En parallèle une amie me met en contact avec une connaissance à elle qui vient d’accoucher d’un petit garçon, grâce à une Fécondation In Vitro (FIV) réalisée en Espagne avec don de sperme. Elle accepte de me raconter son expérience par téléphone. C’est fou comme elle m’a rassuré, j’avais enfin l’impression de ne pas être la seule dans ma situation ! Je m’étais aussi toujours dit que j’aurai des enfants dans ma vie, même si je devais les avoir seule… Mais les années passant, avec uniquement des modèles de couples autour de moi, je commençais sérieusement à douter de cette possibilité. Son témoignage m’a enlevé un poids, son bonheur à elle a faisant renaitre une petite étincelle en moi. Mais bien sur je n’en étais pas là, et pour le moment j’allais seulement congeler mes ovocytes. Son témoignage m’a en tout cas confortée dans ma décision. Elle m’a en plus conseillé la clinique EUGIN, chez qui elle était allée à Barcelone. « Il sont très humains ».  Mon choix de clinique était fait.

D’autant qu’avant cet appel, j’avais contacté la clinique IVI Barcelone et le premier RDV m’avait été donné 1,5 mois plus tard… Peut mieux faire en terme de réactivité ! Surtout qu’ils n’avaient déjà pas répondu à ma demande de renseignements par la messagerie Contact de leur site internet. J’avais finalement été rappelée pour avancer un peu le RDV suite à un désistement, mais c’était trop tard mon choix pour Eugin était déjà fait, j’ai préféré me fier à ce retour d’expérience positif que j’avais eu.

Les examens médicaux avant traitement

Fin 2020 lorsque j’attendais le passage de la loi bioéthique en France, j’avais demandé à ma gynécologue si je pouvais anticiper certains examens médicaux en amont. J’ai donc fait un bilan de fertilité (1 échographie et 2 prises de sang à différents moments du cycle), qui a montré que j’avais une fertilité « en adéquation avec mon âge ». L’échographie montrait 12 à 15 follicules, et était plutôt plus positive que la prise de sang puisque « la FSH est plus basse que la LH au 3ème jour des règles alors que ça devrait être l’inverse», et « la testostérone est trop faible au 20ème jour des règles ». Je cite car ça ne me parle toujours pas ! Par contre ce que je comprends, c’est que si un jour je souhaite une grossesse naturelle, il faudra une « simulation ». Mais bon au moins je suis rassurée, je peux toujours avoir des enfants, et je peux faire congeler mes ovocytes !

En Avril 2021, je me lance en envoyant une demande d’information via le formulaire Contact de la clinique Eugin. Au bout d’une semaine sans nouvelle, je les contacte par téléphone et on fixe un premier RDV médical qui n’engage à rien (ça semble être le même fonctionnement dans toutes les cliniques) une semaine plus tard, le 28 Avril. Moi qui pensait passer 1 mois en Espagne puisque je ne travaillais pas, afin de simplifier le suivi et rester à Barcelone entre le 1er RDV et la ponction, en réalité le premier RDV était Visio. La pandémie Covid a dû changer un peu leur fonctionnement…

Le médecin qui va me suivre, un argentin très gentil qui parle très bien français (d’ailleurs tout le monde parle français dans la clinique puisque quasiment toute leur clientèle est française) fait le point avec moi pendant ce premier RDV. Il m’explique en quoi consiste le processus de préservation de la fertilité, répond à mes questions, fait le point sur les examens que j’ai déjà effectués (et que j’avais téléchargé sur mon compte privé en amont) et me fait une ordonnance pour les examens complémentaires qui seront nécessaires. Me sont aussi envoyées des « instructions » qui expliquent les différentes étapes, et qui contiennent des ordonnances pour les médicaments du traitement, ainsi que pour le suivi à réaliser pendant ce traitement (échographies et prises de sang).

Dans l’après-midi une personne du service administratif me rappelle pour faire le point sur tous les documents que je dois signer : il s’agit pour la plupart de consentements divers et variés. On me transmet aussi un devis de 2457 €, 75% à payer avant le début du traitement et les 25% restants avant la ponction. Je télécharge tous les documents signés sur mon compte en ligne, et il faudra que je transmette les originaux une fois physiquement à la clinique.

Je prends ensuite RDV avec ma gynécologue française qui me rédige des ordonnances françaises afin de pouvoir acheter les médicaments et effectuer la prise de sang complémentaire qui m’avait été prescrite. Quand j’arrive au laboratoire pour la prise de sang, qu’on me dit que mon ordonnance nécessite 2 prises de sang, et qu’on me demande dans quel cadre je fais cet examen, je flippe… On ne m’avait pas préparé à ce qu’il fallait que je réponde ! J’ai tenté un « pour un projet de grossesse », qui a eu l’air de leur convenir. Quelques jours plus tard, en allant récupérer ma carte de groupe sanguin, l’infirmière me dit que mes autres examens sont en attente d’un éventuel envoi dans un second laboratoire pour une analyse complémentaire, « merci d’attendre et le médecin va vous expliquer ». Le stress monte, je me dis que soit on va me dénoncer, soit un de mes examens n’est pas bon. Le médecin me prend dans une salle à part en fermant la porte, et me demande dans quel cadre je fais cet examen…. « – euh… un projet de grossesse ? – donc vous n’êtes pas enceinte ? – non pourquoi ? ». Ouf, apparemment j’ai les anticorps du Cytomégalovirus (ressemblant à une mononucléose sans la fatigue), qui n’entraine pas de symptôme mais des malformations chez un embryon. Si j’étais enceinte il aurait donc fallu faire un examen complémentaire pour savoir si j’avais cette maladie en ce moment ou pas.

2ème RDV avec mon médecin argentin qui a maintenant le résultat de mes analyses sous la main. Pas de chance il faut finalement savoir si j’ai le Cytomégalovirus en ce moment avant d’effectuer la congélation de mes ovocytes. Car si c’est le cas il faudrait attendre un mois de plus pour éviter de congeler des ovocytes malades. Retour chez ma gynécologue, qui me prescrit cet examen complémentaire. Elle m’avait informé que le remboursement de ces RDV ne sera pas toujours possible pour ne pas éveiller les soupçons de la sécurité sociale (elle est normalement sensée me dénoncer et non pas m’aider – je me sens un peu comme une criminelle !). Puisque la rédaction de mon ordonnance ne lui a pris que 3 min, je lui donne juste 30 € en cash. Je change de laboratoire pour ce nouvel examen, et à la réception des résultats je ne sais pas trop comment les interpréter… J’envoie des e-mails à la clinique, je passe plusieurs appels ou on me dit que le médecin va me rappeler, mais je ne serais finalement rappelée que 3 jours plus tard. Heureusement c’est tout bon, je n’ai plus le Cytomégalovirus et je peux enfin attaquer le traitement dès le 2ème jour de mes prochaines règles ! Je veux entamer ce traitement dès que possible car je ne suis qu’à quelques semaines de mes 36 ans…

Cette confirmation en poche, je me décide à aller acheter les médicaments à la pharmacie. Je m’aperçois à ce moment-là que ma gynéco française a noté 5 injections d’Orgalutran au lieu de 7. C’est fatiguant de devoir tout vérifier. Déjà qu’un des médicaments est un équivalent du médicament qui m’a été initialement prescrit et qu’il faudra que je pense à prendre le double de la dose puisqu’il ne fait que 500 mg au lieu d’1 g. J’appelle la clinique, qui me dit que ce n’est pas grave peut être que 5 injections seront suffisantes. Sinon je demanderais à ma gynéco une ordonnance supplémentaire lors d’un RDV de contrôle.

J’arrive donc à la pharmacie, la peur au ventre puisque ma gynéco m’avait dit « j’espère que vous n’aurez pas de contrôle ». Je choisis une pharmacie un peu plus éloignée que ma pharmacie habituelle. Heureusement on ne me pose pas trop de questions. Sauf que bien sûr ces produits ne sont pas en stock et qu’il faut les commander, ils arriveront le lendemain.

Je commande donc :

  • 3 boites de Puregon (il m’en faudra entre 3 et 4 boites – vu que c’est 278 € la boite je n’en prend que 3 et j’irais chercher une 4ème plus tard si besoin !)
  • 1 boite d’Orgalutran (5 injections)
  • 1 boite de Decapeptyl
  • 1 boite de Azithromycine (équivalent du Zithromax)

La pharmacienne me demande s’il faut un « Puregon pen » pour injecter le produit Puregon, mais sa collègue lui dit que tout est dans la boite du médicament. Ca me trotte dans la tete, et en retournant chez moi je m’aperçois que l’ordonnance espagnol mentionne « Puregon pen » et l’ordonnance française uniquement « Puregon ». En lisant les notices d’utilisation sur internet, je comprends qu’il faut bien un Puregon pen pour injecter le Puregon. Quelqu’un aurait pu me le préciser ! Je retourne donc à la pharmacie, heureusement il est encore temps de l’ajouter à la commande.

Et le lendemain je vais chercher tous les médicaments, ouf il était temps !

En effet, je pars 1h plus tard pour 10 jours de vacances en dehors de Lyon. Je sais que je dois commencer le traitement le 2ème jour de mes prochaines règles, mais vu que j’ai arrêté la pilule il y a un mois (au cas où, mais finalement il parait que j’aurais pu continuer à la prendre) et que la seule fois où je l’ai arrêtée il y a des années mes règles avaient mis du temps à revenir, je me dis que j’ai un petit moment de répit. J’emmène quand même une boite de Puregon avec moi (qui correspond à 3 jours d’injections), comme ça je pourrais voir venir quelques jours si je dois commencer le traitement. Pas facile d’essayer de conserver le Puregon entre 2 et 8 degrés pendant les trajets dans un sac isotherme… Mais heureusement il est écrit sur la boite que le produit peut être conservé jusqu’à 25 degrés pendant 3 mois, ça me rassure un peu.

Le traitement : initialement prévu en France… finalement départ précipité pour Barcelone

Je pars donc en vacances, contente de pouvoir couper un peu de tous ces examens. Malheureusement mon corps en a décidé autrement car à peine arrivée en vacances, mes règles pointent le bout de leur nez ! Comme convenu, j’appelle donc la clinique pour faire le point, qui me confirme que je dois commencer le traitement avec la première injection de Puregon le lendemain soir, mercredi 19 Mai, et que les premiers examens de contrôle (échographie et prise de sang pour contrôler le développement des follicules) devront avoir lieu 5 jours plus tard… soit un dimanche. Et au plus tôt le samedi, au plus tard le lundi… En plein week-end de Pentecôte (avec lundi férié)! C’est bien ma veine.

Je raccroche et j’appelle ma gynéco, qui m’informe qu’elle s’absente tout le week-end. Elle me donne les coordonnées d’un centre de radiologie dans le quartier qui acceptent d’effectuer les échographies de contrôle pour les personnes dans ma situation. Mais le cabinet me répond qu’il ferme toute la durée du week-end, et que de toute façon aucun rdv n’est disponible avant le vendredi suivant.

Je me rend à l’évidence que je ne parviendrais pas à réaliser ma première échographie de contrôle en France. D’autant plus que je n’ai pas le courage d’appeler tous les gynécologues de la ville et leur exposer mon cas, alors que je crois savoir qu’ils sont officiellement censés me « dénoncer ». Je rappelle la clinique espagnole, qui me dit qu’elle a un service de garde le samedi et lundi matin pour les cas comme moi. Je prends donc RDV pour le lundi matin.

Ce qui me laisse un peu de temps pour m’organiser, c’est à dire :

rentrer de vacances (écourtées, mais je ne souhaitais pas attendre un mois de plus pour débuter le traitement),

faire un test PCR de moins de 72h qui me permettra de passer la frontière espagnole,

réserver un billet de train pour Barcelone le dimanche 23 Mai,

réserver un logement pour une dizaine de jours (que je pourrais prolonger si besoin). Car il serait absurde de rentrer en France ensuite pour réaliser la suite du traitement chez moi. Etant donné que je ne travaille pas, autant rester sur place cela simplifiera le suivi (qui de toute façon est inclus dans le forfait payé à la clinique EUGIN).

Le début du traitement de stimulation ovarienne, premières injections

Vient le moment fatidique de la première injection à faire soi-même…

Il faudra que j’effectue une injection de 300 unités de Puregon tous les soirs à heure fixe (idéalement entre 21 et 23h, je choisis donc 21h).

Le soir du second jour de mes règles, je me retrouve donc dans une tente de trappeur en vacances avec une amie, en face de la table à sortir tout le matériel nécessaire pour cette première injection :

  • La boite de Puregon qui se conserve au frigo
  • Le Puregon Pen pour réaliser l’injection
  • Une compresse stérile et du désinfectant contenant de l’alcool pour désinfecter la zone d’injection (merci à mon amie qui avait une petite trousse de pharmacie pour les vacances !)
  • Mon téléphone portable avec la vidéo d’explication de l’injection réalisée par la clinique diffusée sur Youtube (que j’avais déjà regardé plusieurs fois en amont pour me préparer).

Les mains un peu tremblantes, je mets la cartouche de Puregon dans le stylo d’injection comme indiqué sur la vidéo, je suis les autres indications de la vidéo (visser l’aiguille, purger l’air en faisant sortir une goutte de produit de l’aiguille, choisir la dose à injecter, désinfecter la zone d’injection – le ventre – et attendre une minute que ça sèche, etc), je pince la peau pour obtenir un pli de peau, j’approche l’aiguille, je m’attends à devoir forcer pour qu’elle rentre dans la peau… Mais je suis soulagée quand je réalise que je ne la sens pas rentrer sous ma peau, j’ai presque l’impression que l’aiguille se rétracte dans le stylo.

Ouf ce n’était pas si compliqué, finalement le plus stressant est de bien penser à réaliser toutes les étapes, parvenir à conserver tout le matériel stérile (bien se laver et désinfecter les mains, bien imbiber la compresse de désinfectant, éviter de trop toucher son téléphone [nid à bactéries] pour mettre la vidéo en pause [j’utilisais mon petit doigt]), et réaliser l’injection à l’heure prévue.

Je m’aperçois que les aiguilles, et plus tard les stylos d’injection jetables, ne peuvent pas être jetées dans la poubelle ménagère, mais que des collecteurs de déchets spéciaux existent. En attendant d’en demander un à la clinique en Espagne, j’ai stocké ces éléments dans une petite boite en carton. Et une fois le traitement terminé je pourrais donner ce récipient à la clinique qui s’occupera de son élimination. En France je crois que les pharmacies peuvent aussi remettre des boites à aiguilles, et les récupérer ensuite. Pour ma part j’avais envie d’avoir affaire aux pharmacies françaises le moins possible.

Les jours passent et je réalise tous les soirs mon injection de Puregon (idéalement à 21h, mais il m’est arrivé une ou deux fois de devoir la faire un peu plus tard, toujours avant 23h en tout cas). J’ai beau avoir un peu plus d’expérience ensuite, je regarde toujours la vidéo explicative au cas où pour être sûre de ne pas oublier une étape.

Arrivée à Barcelone et premiers examens de contrôle

Le dimanche, les 5h de TGV pour Barcelone passent comme une lettre à la poste. Petit stress quand meme concernant la conservation de mes boites de Puregon, qui ne doivent pas dépasser les 25 degrés et ne doivent surtout pas congeler. Je vérifie le thermomètre régulièrement dans mon sac de congélation. D’ailleurs je ne suis pas sûre que tous les changements de températures que j’ai imposé au Puregon (température élevées pendant les trajets, puis remise au frigo à température plus basse) n’aient été une bonne idée… Mais je n’avais pas trop le choix dans ma situation. Sur ce point c’est vrai qu’il aurait été plus facile de réaliser le traitement chez moi.

Une fois arrivée à Barcelone je rejoins mon auberge, Casa Gracia. J’ai fait le choix de prendre une chambre simple (52 € la nuit), car j’ai besoin d’avoir un cocon rien qu’à moi si je ne me sens pas bien ou si je n’ai pas trop le moral. L’auberge ressemble à un hôtel à la fois vintage et moderne, et semble plutôt conviviale. Dommage qu’avec le Covid une partie des zones communes soient fermées, heureusement l’hôtel a un bar qui a pu rouvrir et se prolonge par une salle très agréable avec canapés, hamac et grandes tables.

La cuisine commune étant fermée, je vais devoir prendre tous mes repas à l’extérieur (ou du moins acheter à l’extérieur et manger dans ma chambre). Je me fixe un budget moyen de 20 € par jour.

Gros point fort de cet hébergement, il se trouve à 12 minutes à pieds de la clinique, ce qui était mon critère principal, et que je ne regretterais pas par la suite.

Par contre son point faible c’est que les chambres donnent sur une avenue passante, et pour moi qui ait le sommeil léger les nuits seront courtes.

Ma chambre d'hôtel à Barcelone
Ma chambre d’hôtel à Barcelone

L’auberge accepte de conserver mes médicaments qui doivent se garder au frais dans le frigo à l’accueil. Il faudra juste que je descende les chercher avant chaque injection, et que je retourne leur rendre ensuite. Là encore, c’est plus simple quand on est chez soi.

Le lendemain matin, lundi 23 Mai, je me rends à la clinique pour la première fois. Une carte avec un numéro de patient est créée à mon nom. Quasiment tout le monde y parle français, c’est agréable. L’avantage de réaliser mon suivi à la clinique, c’est que l’échographie et la prise de sang de contrôle sont réalisées en un seul RDV au même endroit. Je rencontre mon médecin argentin en chair et en os, il est aussi gentil qu’en visio et cherche à m’expliquer les choses de manière simple, et autant de fois que je lui demande. Après l’échographie, il me dit qu’il est encore trop tot pour en déduire quoi que ce soit, mais en lui tirant les vers du nez de premier abord je semble avoir « une petite réponse au traitement ». Bon, attendons de voir les prochaines échographies. A partir de ce jour-là (6ème jour de traitement), il me faut ajouter à l’injection quotidienne de Puregon une injection d’Orgalutran, destiné à bloquer les productions « naturelles » d’hormones et pouvoir réaliser une stimulation ovarienne contrôlée.

Suite et fin du traitement

Cette nouvelle injection d’Orgalutran est pour moi un peu plus difficile à réaliser. La préparation est simplifiée puisqu’il s’agit d’une seringue préremplie jetable. Mais déjà le capuchon protecteur de l’aiguille est difficile à retirer : je me suis d’ailleurs piqué le doigt un jour en le retirant, sur le coup je n’ai pas osé l’utiliser pensant qu’elle n’était peut être plus stérile, et j’ai utilisé une autre seringue ; finalement le médecin m’a dit plus tard que je pouvais l’utiliser si besoin. Mais surtout l’aiguille est biseautée donc un peu plus large que celle pour le Puregon. Je la sens rentrer un peu plus dans la peau, et parfois je dois forcer un peu. Bien sûr ça reste raisonnable, je parle comme quelqu’un qui appréhendait de devoir se faire seule des piqures ! Et le fait d’avoir débuté avec le Puregon m’a beaucoup détendue sur le sujet quand même, ça m’a permis de m’y habituer avant de faire des injections avec des aiguilles un tout petit peu plus épaisses.

Parfois il m’arrive de rater un peu mon coup et que ça saigne un peu. Ou que quelques gouttes ressortent après l’injection au moment où je retire l’aiguille. J’ai aussi quelques bleus qui se forment. Mais le médecin ne semble pas s’en soucier quand je lui en parle lors de nos RDV de contrôle.

2 jours plus tard (Mercredi 26 Mai) a lieu mon second RDV de contrôle (échographie et prise de sang). Cette fois même si le nombre de follicules semblent correspondre à mon âge, mes follicules grandissent de manière désordonnées, pas tous à la même vitesse. Et le médecin m’explique qu’on ne pourra ponctionner que ceux entre 18 et 20 mm, les plus gros et les plus petits ne seront pas « exploitables ». Mais le traitement n’est pas encore terminé. En tout cas selon lui la ponction devrait avoir lieu dimanche ou lundi. J’avais peur qu’ils soient fermés le dimanche mais il me rassure en me disant que les ponctions ont lieu tous les jours de l’année.

La vie pendant le traitement se passe tranquillement. J’ai l’impression d’être gonflée de chaque côté du bas ventre, et j’ai un peu l’impression que mes ovaires se ballottent quand je marche. J’essaie de mettre toutes les chances de mon côté et de manger sain, j’évite l’alcool, de trop marcher, et de me baigner (même si à priori c’est plutôt après la ponction qu’il faut éviter). Ma journée « type » consistait à passer la matinée avec mon PC dans la salle commune, honorer mes RDV médicaux de suivi certains jours, trouver un lieu pour déjeuner, me reposer un peu dans ma chambre en début d’après-midi, aller visiter un peu Barcelone en fin d’après-midi, diner, effectuer mes injections à 21h puis rester tranquille dans ma chambre à bouquiner ou regarder un film. Un peu déprimant quand même de comparer ma situation à celle de tous ces couples et groupes d’amis insouciants que je croise à Barcelone en train de manger des tapas et boire de la sangria en terrasse. Est-ce que le traitement a un impact sur le moral ? Je ne saurais pas le dire, je pense que même sans traitement ça m’aurait déprimée quand même ! Surtout que c’est une ville que je connais bien, j’y suis déjà venue en couple ou avec des amis, et j’y avais de très bons souvenirs. Forcement tout ça remonte à la surface. C’est aussi une période où on sort de son quotidien et on prend du recul sur sa vie. Après je me dis aussi que j’ai la chance de faire ce projet de préservation de fertilité sans travailler en parallèle, et que ça rend les choses plus faciles.

Le Vendredi 28 Mai, 2 jours plus tard et 10ème jour du traitement, a lieu mon 3ème RDV de contrôle. L’échographie montre que mes follicules se développent toujours de manière désynchronisée : certains follicules sont prêts, d’autres pourraient encore continuer à se développer… Mais continuer à les laisser se développer au risque de perdre ceux qui sont déjà prêts ? Le médecin décide de me faire revenir 2h plus tard, pour trancher avec le résultat de ma prise de sang. Malheureusement son emploi du temps est très chargé, et je dois attendre 1h30 avant de pouvoir faire le point avec lui. Finalement le taux d’estradiol continue à augmenter ce qui semble indiquer que les follicules peuvent encore se développer, et il est décidé que je continue les injections de Puregon et d’Orgalutran une journée de plus. N’ayant plus de Puregon, le médecin me donne une ordonnance pour une injection de Bemfola, équivalent du Puregon mais une seringue préremplie jetable destinée à une seule injection. Pour essayer d’optimiser le nombre d’ovocytes exploitables, une ordonnance d’Ovitrelle m’est aussi transmise, à injecter 36h avant la ponction, en même temps que l’injection de Décapeptyl déjà prévue. Je comprends que ces 2 produits aident les ovocytes à se détacher des follicules. Tous ces produits sont normalement sur commande en pharmacie, heureusement une pharmacie partenaire à 5 min à pieds de la clinique dispose des produits nécessaires en stock.

Le lendemain, 11ème jour du traitement, je me rends au 4ème et dernier RDV de suivi. Mon médecin étant en week-end, une médecin de garde prend le relais. A l’échographie il semblerait qu’il y ait 11 follicules, dont certains de petites tailles mais le plus grand ayant atteint 21 mm je dois arrêter le traitement de stimulation. Pas besoin de prise de sang pour une fois. La médecin me confirme que la ponction aura lieu lundi 31 Mai à 11h45. Il faut donc que je réalise les injections de Décapeptyl et d’Ovitrelle le soir même à 23h45.. super comme horaire! Et une dernière injection d’Orgalutran à 21h. Etant donné que le Décapeptyl semble un peu compliqué à préparer (il faut mélanger du liquide dans de la poudre en passant les produits d’une cartouche à l’autre avec une seringue), une infirmière accepte de le faire pour moi, il faudra juste que je conserve ensuite la seringue d’injection au frigo et que je fasse attention en la manipulant de ne pas perdre du produit. Il ne me reste plus qu’à aller à la pharmacie acheter l’Orgalutran que je n’ai plus à l’hôtel. Sauf que ce qui devait se révéler simple et rapide s’est transformé en chasse à l’Orgalutran !

En effet, la pharmacie partenaire n’a plus en stock d’injection unitaire d’Orgalutran… Seules les boites de 4 injections sont encore disponibles. A 26 € l’injection, ça m’embête de jeter 78 € par la fenêtre pour 3 injections dont je ne me servirais pas ! Je fais donc une dizaine d’autres pharmacies sans succès, c’est à chaque fois sur commande alors que je dois effectuer mon injection le soir même. Après 2h de marche (alors qu’il faut éviter de trop marcher sur la fin du traitement) sous un soleil de plomb et avec un stress désagréable, je retourne dans la pharmacie partenaire en me disant que je n’ai pas le choix je dois acheter cette boite de 4 injections. Et là la pharmacienne me dit qu’elle a réussi à passer une commande qui arrivera en fin d’après-midi, il me faut juste repasser plus tard ! Ouf je suis soulagée, même si je m’étonne qu’une livraison en fin d’après-midi fut finalement possible alors qu’on m’avait dit le contraire au début de ma recherche…

Déclenchement de l’ovulation

Après mon injection d’Orgalutran de 21h, je lutte contre le sommeil et patiente jusqu’à la fin de soirée pour réaliser mes injections d’Ovitrelle et de Décapeptyl à 23h45, destinées à déclencher l’ovulation avant la ponction. On m’a dit qu’il était très important de me faire ses injections à l’heure exacte qui m’avait été indiquée, c’est stressant ! Je réalise finalement mes injections à 23h46 et 23h49 en espérant que quelques minutes de retard ne poseraient pas problème. Heureusement que j’avais anticipé, lu les notices d’utilisation et regardé les vidéos de démonstration, car chaque injection est différente, et les vidéos contenaient des incohérences par rapport aux indications qui m’avaient été données par les infirmières le matin même ! Par exemple sur le fait de devoir ou pas faire sortir une goutte de produit pour évacuer les bulles d’air. Ou autre exemple, la vidéo explicative d’EUGIN pour l’injection de l’Ovitrelle était en réalité réalisée avec une seringue d’Orgalutran et non d’Ovitrelle, or les seringues ne se ressemblent pas du tout… Je l’ai d’ailleurs signalé plus tard au médecin. Heureusement que d’autres cliniques proposent des vidéos explicatives similaires et avec la bonne seringue cette fois !

Ca y est, c’était mes dernières injections… normalement je suis tranquille, maintenant c’est à la clinique de jouer ! Je suis soulagée. Même si je rêve d’injections toute la nuit, normal c’est pas facile de s’endormir juste après.

Dernière épreuve avant le jour J, il m’a été demandé de prendre un antibiotique la veille, 2 cachets de Zithromax, afin d’éviter le risque d’infection pendant la ponction folliculaire. Ayant acheté ce produit en France, celui-ci se nomme Azithromycine et les cachets sont de 500 mg au lieu de 1 g pour les cachets espagnols. J’avais donc fait validé par le médecin qu’il fallait bien que je prenne 4 cachets du médicament que j’avais. Elle avait hésité, avait semblé réfléchir, puis m’avait répondu par l’affirmatif.

Or 30 minutes avant de le prendre, en voulant lire la notice d’utilisation, je m’aperçois que la boite de médicaments ne contient que 3 cachets et que je dois en prendre 4… Il est 17h30, on est dimanche, et je suis dans de beaux draps ! Peut être que je peux trouver une pharmacie de garde ? Mais il me reste peu de temps avant de devoir prendre le médicament… Je ne vais pas faire capoter tout le traitement pour ça ? J’appelle le numéro d’urgence de la clinique, et je tombe sur une femme d’astreinte au volant de sa voiture, qui finit par me dire qu’il faut que je prenne 1 g d’antibiotique soit seulement 2 cachets d’Azithromycine. La médecin de garde de la veille s’était donc trompée! Ça aurait pu être grave, surtout que les 2 cachets m’ont déjà rendus malade toute la soirée avec des nausées, je n’ose imaginer dans quel état j’aurais été avec double dose… Enfin le soulagement prend le dessus, ouf j’ai ce qu’il faut ! La morale de tout ça, c’est que les médecins sont humains et qu’il vaut mieux tout vérifier par soi-même. Et en l’occurrence heureusement que je n’avais pas le nombre de cachets qu’elle m’avait demandé de prendre dans la boite !

Le jour J : la ponction folliculaire

Le Lundi 31 Mai, je me présente à la clinique comme demandé avec 45 min d’avance, à jeun (liquide compris) depuis  plus de 6h. La ponction folliculaire est réalisée sous sédation profonde pour qu’on ne sente rien, j’avoue que ça diminue mon stress. Et j’ai hâte d’en terminer, que tout ça soit derrière moi ! On me dirige vers une salle d’attente rien que pour moi, ou je peux laisser mes affaires et enfiler la tenue de rigueur (blouse, chaussons et charlotte). L’infirmière m’installe un cathéter. Elle me demande d’uriner plusieurs fois, notamment juste avant d’aller en salle d’opération. J’attends 45 min de plus que prévu, j’espère que ça ne change rien par rapport aux injections réalisées 36h pile avant l’heure de la ponction prévue initialement à 11h45. Puis on m’accompagne en salle d’opération, ou je m’installe sur la table. Un produit m’est injecté via le cathéter… et là je me sens partir. Ouf je ne verrais rien de ce qu’il se passe ! Je me réveille dans un coin d’une salle protégé par un rideau, je sais qu’on me retire des choses (un appareil pour mesurer la tension ?) puis on me laisse tranquille. Je suis dans les vapes, j’ai aucune douleur et je suis plutôt contente de me dire que c’est terminé. Sauf que petit à petit des douleurs apparaissent en bas du ventre et je ne suis pas toujours très bien. Heureusement de l’antidouleur m’avait été injecté en amont et ça reste supportable. Au bout de 20 minutes, puisque ça va, je suis raccompagnée jusqu’à ma salle d’attente personnelle et installée dans un fauteuil médical semi allongée. L’infirmière me donne quelque chose à boire et à manger.

J’apprends enfin le résultat de ma ponction : sur 9 ovocytes qui ont pu être récupérés, seuls 6 ont pu être congelés, « cryoconservés ». Je suis déçue de ne pas avoir atteint un minimum de 8-10 ovocytes congelés, qui semble être le nombre minimum pour espérer avoir une chance de déclencher une grossesse plus tard. Ça veut dire qu’il faut que j’envisage une seconde ponction… Mais heureusement je m’y attendais, je m’y étais progressivement préparée. Vu mes derniers résultats d’échographie, j’avais même peur d’avoir fait tout ça pour rien, de ne même pas atteindre le nombre de 6. Bilan mitigé donc, mais c’est mieux que rien.

Etant donné que je vais devoir attendre 2h avant de pouvoir sortir, je m’endors. Surement aidée par les médicaments. Je suis même restée plus longtemps que prévu, finalement réveillée par une infirmière aux alentours de 16h. Si je parviens à uriner, elle me laissera sortir. Tout va bien de ce côté-là, donc je me rhabille, et me retrouve dans la rue.

Il est conseillé de venir accompagnée dans le cadre d’une ponction. Mais je ne me voyais pas imposer toutes ces contraintes à quelqu’un, ce qui aurait été un stress en plus pour moi. Et finalement même si je n’étais pas au top de ma forme, j’étais encore capable de marcher les 10 min qui me séparaient de mon hébergement, je me suis même acheté en route un plat pour mon diner du soir dans un supermarché, pour ne pas avoir à ressortir de ma chambre d’hôtel. J’avais aussi informé une amie du fait que j’allais être seule dans ma chambre d’hôtel après l’opération, et que si je ne lui envoyais pas quelques nouvelles par sms dans la soirée il fallait qu’elle se fasse du soucis pour moi et prévienne la clinique.

Débute alors la convalescence. Je n’ai plus qu’à attendre que le temps passe. L’infirmière m’a donné des antidouleurs que je ne comptais pas prendre puisque la douleur paraissait supportable. Mais en fin d’après midi les douleurs de chaque coté du bas du ventre se réveillent, et je comprends que les antidouleurs qui m’avaient été injectés par le cathéter pendant l’opération avaient continués à faire effet. Je suis donc heureuse de pouvoir continuer à en prendre pendant les 24h suivant l’opération. Grace à ça les douleurs sont soutenables même si pas très agréables. J’arrive à faire une nuit de sommeil presque normale. Par contre je suis heureuse de ne pas avoir à reprendre le train de retour en France le lendemain, et d’avoir pu prendre une journée de transition pour me reposer. Car je suis encore bien patraque et dois encore combattre mes douleurs en bas du ventre. Mais je suis soulagée que cette ponction soit terminée, et qu’il faille juste attendre que ça aille mieux.

Choix d’une deuxième ponction

J’ai aussi profité de cette journée de transition pour faire un point avec le médecin de la clinique sur l’éventualité d’une deuxième ponction. En amont j’essaie de rechercher des informations sur internet, des témoignages, pour savoir combien d’ovocytes les femmes de mon âge parviennent à congeler, et si elles choisissent de faire une seconde ponction ou pas. Et que je suis déçue de ne pas trouver grand-chose pour m’aider dans ma décision… Je comprends quand même que la double ponction semble plutôt assez fréquente chez les femmes de 35 ans ou plus, mais qu’on en parle peu dans les cliniques au début du processus.

Nous faisons donc le point avec mon médecin. Comme d’habitude, je le trouve impliqué et compréhensif. Il me conseille une seconde ponction afin d’atteindre le minimum conseillé à 35-36 ans de 10 ovocytes congelés pour espérer un jour avoir 60-70% de probabilité de donner naissance un jour (statistiques de la clinique toujours gonflées selon moi). Notamment dans mon cas, nous pourrions bénéficier du retour d’expérience des résultats du premier traitement, et adapter le second traitement pour minimiser le fait que mes follicules ne se développent pas à la même vitesse. En remplaçant par exemple le Puregon par le Menopur. Je comprends par contre que les injections seront un tout petit peu plus compliquées à réaliser (il faudra mélanger du liquide à une poudre je crois pour obtenir le produit à injecter). Un autre levier aussi serait de prendre du Promaves pour augmenter mon taux d’estradiol 7 jours avant le début des règles. Ce qui implique par contre d’avoir des règles régulières. Or je ne sais pas si c’est mon cas puisque j’ai arrêté la pilule pour la première fois depuis une dizaine d’années juste avant le processus de préservation de fertilité. Une autre solution, moins efficace, serait de reprendre la pilule qui contient un petit peu d’estradiol, et me permet de connaitre le jour de début de règles. Peut etre d’ailleurs que je n’aurais pas dû l’arrêter pour le premier traitement ? J’ai l’impression qu’il y a tous les avis et son contraire sur le sujet.

Je conclus donc ce RDV en décidant qu’une seconde ponction serait nécessaire, mais que j’allais attendre la fin de l’été pour débuter un second traitement, avec dans l’idée :

  • savoir si mes règles sont régulières et si je peux prendre du Promaves,
  • attendre de voir si la loi bioéthique peut etre votée en France et applicable d’ici la fin de l’été comme semble l’annoncer le ministre de la santé. Et oui je découvre pendant que je suis en Espagne que finalement cette loi pourrait passer en force et être applicable rapidement ! Ca serait tellement plus facile d’effectuer un second traitement et une seconde ponction en France chez moi… Par contre je ne sais pas comment les cliniques espagnoles vont survivre à ça puisque les français sont l’essentiel de leurs clients !

En tout cas ça vaut le coup d’attendre quelques mois de plus pour cette seconde ponction. Surtout que les frais médicaux seront peut être remboursés. cela me permet de décompresser cet été, et de me reposer un peu avant d’entamer tout le process de nouveau.

Retour en France et fatigue

Le mercredi 2 Juin dans la matinée, je rentre en TGV à Lyon. Je suis vraiment soulagée de rentrer chez moi et de laisser tout ça derrière moi. Le retour se passe bien, je n’ai pas de changement et mes trajets à faire à pieds ne sont pas trop longs.

Dans les jours qui suivent, les douleurs s’estompent progressivement au bout de quelques jours après la ponction. Même si la gêne en bas du ventre et une sensation de gonflement persisteront jusqu’aux prochaines règles 11 jours plus tard. Par contre ce qui m’a le plus surpris c’est une fatigue immense, et qui a duré plus longtemps que ce que je ne le pensais. Me lever de mon canapé ou même rester 2h assise en face d’un PC sont des efforts importants.

Au bout d’une dizaine de jours, j’ai l’impression d’être un peu moins fatiguée et je décide de me faire injecter la première dose de vaccin Covid Pfizer. Tant qu’à être fatiguée, autant l’être une bonne fois pour toute ! Sauf que pour la petite histoire mon corps m’a vraiment dit stop, et qu’après un week-end chez des amis en bord de mer, je suis tombée malade pendant 10 jours, la totale : angine, rhume, toux, etc (test covid négatif je précise). Je me suis trainée encore une fatigue au moins une semaine après ça, à tel point que j’ai été faire une prise de sang pour vérifier que je n’avais pas une carence. Mais ce qui n’était pas le cas, il fallait juste que j’attende que mon organisme récupère de tout ce que je lui avais fait subir. J’ai vraiment eu l’impression de passer ces 6 semaines entre traitement, ponction, maladie, fatigue, à lutter pour être bien, pour se sentir normale. J’ai finalement eu de la chance de ne pas travailler pendant cette période.

Mon cas est surement à part, lié à l’injection de vaccin Covid qui était trop rapproché avec l’opération de la ponction folliculaire. Quoi qu’il en soit quand je me suis sentie de nouveau en forme début Juillet, au bout de 4 semaines après la ponction, j’ai eu l’impression de revivre, ça fait du bien !

Coût de ma congélation des ovocytes à Barcelone

Pour ceux ou celles qui se poseraient la question du coût de ma congélation des ovocytes à Barcelone, celui-ci m’a finalement couté 3 600 € au total. Coût auquel il aurait fallu que j’ajoute normalement tousmes examens médicaux effectués en France en amont ainsi que 1 070 € de médicaments du traitement qui ont été pris en charge par la sécurité sociale et ma mutuelle françaises.

Ces 3 600 € se décompose en :

  • 2 460 € facturés par Eugin la clinique espagnole,
  • 220 € de médicaments achetés en Espagne (ce coût peut varier fortement d’une femme à l’autre, en fonction du traitement et de sa durée),
  • 30 € versés à ma gynécologue française pour une ordonnance,
  • 900 € de frais de déplacement à Barcelone (524 € d’hôtel, 178 € de train et 200 € de nourriture).

Conclusion

Le traitement et l’opération de ponction des ovocytes ne sont pas anodins. Entre les injections à effectuer tous les soirs en faisant abstraction de l’aiguille que je m’enfonce dans la peau et en faisant tout mon possible pour que tout soit bien stérile ou désinfecté, une prise de recul sur ma vie pendant ces 10 jours seule en Espagne à l’hotel, l’opération et toute la fatigue post-opératoire, je suis bien contente que tout ça soit derrière moi.

Heureusement j’ai eu la chance de recevoir beaucoup de bienveillance de la part de mon entourage, qui était là pour me soutenir.

Malgré toutes ces contraintes, si c’était à refaire je le referais sans hésiter. Aucun regret, le jeu en vaut la chandelle ! Qu’est ce qu’un mois un peu difficile, que je vais en plus oublier petit à petit avec le temps qui passe, comparé au fait que je pourrais potentiellement avoir un enfant plus tard grâce à ça?

En tout cas je comprends mieux maintenant ces personnes qui luttent contre une maladie ou qui doivent se faire des injections régulières. Nos situations ne sont pas comparables bien sûr, mais cela m’aide à les comprendre et à admirer la force qu’il leur faut au quotidien.

Je n’ai quand même pas hâte que débute ma seconde ponction… Une petite pause entre les deux me fera le plus grand bien ! Je me dis qu’elle sera plus facile à effectuer en France. J’espère que la loi bioéthique sera bien votée avec l’article permettant la congélation des ovocytes sans raison médicale. Pouvoir rester dans son quotidien, réaliser ses injections au calme chez soi et se reposer après l’opération directement dans son lit sans avoir à prévoir de rentrer par TGV… Oui ça me plairait bien !

J’espère que mon retour d’expérience pourra aider certaines personnes à passer le pas et à ne pas se sentir seules, qu’il permettra une meilleure information sur le sujet.

Si tu as des questions ou que tu aimerais en discuter avec moi, n’hésites pas à m’envoyer un message j’y répondrais avec plaisir !

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